Semaine sainte de l'autre côté

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Cette année, comme l’année dernière, les bureaux de blueEnergy étaient fermés durant la semaine sainte - le jeudi et vendredi sont fériés au niveau national, mais blueEnergy ne se prend pas la tête et nous fait prendre trois jours de vacances et c’est très bien comme ça. L’occasion  pour moi d’aller voir  un peu de quoi a l’air le côté Pacifique.

     01 Port Bluefields

Les vacances, ça commence toujours comme ça : poirauter au port de Bluefields

Je partais avec un a priori relativement négatif après mon voyage au Guatemala ; ce que j’avais aperçu du bus de la campagne nicaraguayenne, hondurienne et salvadorienne ne m’avait pas enchanté, loin s’en faut. Très peu d’arbres, énormément de détritus au bord des routes, le sol tellement sec qu’il se fissure un peu partout, voilà pour l’impression générale du paysage. Pas non plus de diversité culturelle comme sur la côte Atlantique où se côtoient des personnes de toutes les couleurs et parlant au moins cinq langues (en fait, je pense qu’il y en a beaucoup plus que cinq mais je ne saurais pas dire combien).

 

Mais bon, un an et demi au Nicaragua sans avoir vu Granada ni Léon, sans m’être baigné dans le Pacifique ni avoir grimpé le moindre volcan, je me disais qu’il était temps de faire quelque chose. J’ai pris la panga avec mon pote Ramin, qui a terminé son volontariat avec blueEnergy et qui va se faire plaisir en tant qu’administrateur d’un complexe touristique orienté surf au nord de la côte Pacifique.

 

Pour moi, direction Léon, une ville à l’architecture coloniale du nord du pays au climat particulièrement aride, mais pas plus que l’Andalousie en juillet - août. Personnellement, j’ai trouvé Léon agréable mais un peu décevante par rapport à tout ce que j’avais pu lire et entendre de la ville. J’ai assisté à des bouts de messe des rameaux dans différentes églises de la ville. Si le catholicisme est toujours fort présent au Nicaragua, j’ai été surpris par la liberté que prennent les gens à l’église : entre les cancres du fond qui téléphonent avec leur portable, les mômes qui courent dans tous les sens en braillant, les couples d’ados qui se bécotent et les types qui rentrent avec leur bicyclette, ça ne m’a pas paru très sérieux tout ça.

02 Eglise Leon 

Cette année, j’ai décidé de ne pas être trop radin et je me suis payé une petite excursion dans une mangrove protégée où j’ai pu voir un petit crocodile, quelques iguanes et de nombeux oiseaux. J’ai aussi eu l’occasion de prendre un petit bain dans les rouleaux du Pacifique.

 07 Mangrove

Après un petit déj café - croissant - pain au chocolat et armé d’un sandwich au brie (made in USA mais pas mauvais pour autant) acquis dans la boulangerie française de Léon, je me suis ensuite dirigé vers Granada. Bon là, rien à dire ça en jette. Très belle ville, touristique mais pas musée comme Antigua ; les habitants m’ont semblé très sympas et toujours prêts à causer, tranquillement assis sur un banc à l’ombre des orangers du parc central. En fait, ce n’est pas des orangers ; mais la phrase sonne bien comme ça, je trouve.

 14 Granada7

Granada est superbement située au bord du lac de Nicaragua (le plus grand d’Amérique centrale, celui où se trouvent les îles de Solentiname où j’avais passé la semaine sainte l’année dernière). Tout près de Granada sur le lac, se trouvent les Isletas, 365 petites îles formées il y a quelques milliers (millions ?) d’années par la lave expulsée par le volcan Momotombo. J’ai pu louer un kayak durant une matinée pour faire un petit tour de certaines de ces îles du côté de la baie d’Asense, un petit paradis je trouve. J’ai payé presque aussi cher pour louer ce kayak que pour faire un tour en colectivo (bateau à moteur) et voir beaucoup plus d’îles ; mais moi au moins je pouvais m’arrêter de temps en temps sur une île inhabitée pour cueillir quelques mangues, faire un plouf dans le lac et causer avec le pêcheur du coin sur sa barque.

08 Granada

Près de Granada, il y a aussi la laguna de Apoyo, une belle lagune au milieu d’un cratère. L’astuce c’est qu’on peu y aller à pied depuis Granada en marchant sur une petite route non cimentée. Après deux heures de marche, on attaque la descente, qui doit être casse-gueule quand il pleut ; mais la semaine sainte c’est à peu près la période la plus sèche de l’année au Nica. On arrive au bord de la lagune sur une petite plage complètement déserte : idéal pour se rafraîchir après la marche sous le cagnard. Pendant la remontée, j’ai vu une chouette, ou peut-être un hibou. Ensuite je me suis fait une petite frayeur en passant à côté d’un beau spécimen de serpent noir et jaune d’un bon mètre cinquante de long et d’un diamètre conséquent… le temps de m’armer d’une pierre au cas où il devienne agressif, la bestiole avait foutu le camp.

 

Mon dernier jour à Granada, je suis parti tôt pour grimper au volcan Momotombo ; deux heures de marche au son des singes hurleurs sur une petite route bien pentue pour arriver au point de départ des randos à 1150 mètres d’altitude (c’est pas énorme mais ça fait les mollets). Là-haut, il fait bien frais, c’est un vrai régal. Le climat humide permet le développement d’une végétation luxuriante complètement différente d’en bas. Je n’ai pas pris le temps de faire la grande boucle (4 ou 5 heures, guide obligatoire qu’ils disent) et me suis contenté d’une boucle d’une petite heure ; si je retourne dans le coin, j’essaierai de la faire.

 18 Mombacho

Après Granada, je me suis dirigé vers l’île d’Ometepe, premier endroit peuplé au Nicaragua. La légende dit que le peuple Nahuatl venu du Mexique se dirigeait vers le sud à la recherche d’un nouveau foyer illustré par la vision de deux volcans jumeaux au milieu d’un lac ; lorsqu’ils aperçurent Ometepe (deux collines, en Nahuatl), ils surent que leur quête était terminée et s’y installèrent. Je suis arrivé dans un tout petit port du sud de l’île ; j’ai donc filé directement au fameux « charco verde » voisin, un petit étang relié au grand lac et entouré d’une forêt relativement préservée. Si la plage était relativement bondée, jeudi saint oblige, les sentiers serpentant dans la forêt aux alentours étaient totalement déserts. L’endroit est vraiment magnifique ; il y a énormément de singes hurleurs tellement peu farouches qu’on peut passer à deux mètres sous la branche sur laquelle ils sont tranquillement installés. Je me baigne sur une petite plage totalement déserte un peu plus loin.

 20 Ometepe

Il y a plein d’autres endroits de l’île où je souhaiterais aller, mais il est déjà temps de se diriger vers Managua pour y pendre le bus de nuit vers Bluefields, en compagnie d’Eric et sa petite famille et Morten, deux autres volontaires de bE. Si je peux je reviendrai.

 23 Ometepe singe

Pour conclure, un petit message écolo-relou : la désertification est vraiment un fléau terrible qui transforme des régions agréables en déserts où rien ne pousse. Bien que le principal responsable de ce phénomène soit le brûlis pour le développement agricole, le commerce des bois tropicaux joue son rôle : ne vous rendez pas complices en achetant du bois tropical non certifié et songez aux projets de reforestation si vous souhaitez faire un don (et à blueEnergy aussi).

 

Bises, 

 

25 Ometepe 3

Publié dans Nicaragua

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