Punta et eaux turquoises au Belize

Publié le par Thib

Après l’agitation de la Moskitia, on s’est dit qu’une semaine tranquille au Belize ne serait pas une mauvaise chose. Mais la raison principale de ce petit tour dans le plus petit pays d’Amérique Centrale était autre : revoir le groupe de punta Amistad de Roatán en vivo, avec cette fois un groupe de danseuses incluant China (la fille de Triunfo de la Cruz).

 

Ainsi, nous avons traversé d’un trait une bonne partie de la côte Caraïbe du Honduras, depuis Plaplaya, jusqu’à Omoa. C’est un bled sympa où les habitants de San Pedro Sula vont souvent se baigner et manger de délicieux fruits de mer les fins de semaines. Il y a aussi une forteresse édifiée par les Espagnols pour se protéger avec plus ou moins de succès des pirates. C’est probablement une des plus intéressantes du pays, voire d’Amérique Centrale.

 

o Forteresse d'Omoa

 

 

Le lendemain, nous parcourons quasiment  toute la côte Caraïbe du Guatemala, c’est-à-dire environ 40 kilomètres, de la frontière  jusqu’à Puerto Barrios. De là, une lancha (ce qu’au Nicaragua ils appellent panga) nous conduit jusqu’à Punta Gorda dans le sud du Belize. A Punta Gorda, une bonne averse des familles nous attend. Ici, tout le monde semble avoir des locks (même une agente de migration) et porter les couleurs culture (prononcer "kioultcha") vert-jaune-rouge-noir. Enfin, c’est ce que je pensais jusqu’à faire un tour au marché, fréquenté majoritairement par des Mayas Q’eqchi’ aux cheveux raides, les hommes habillés à l’occidentale et les femmes vêtues du corte (jupe) et huipil (chemise) typiques des Mayas du Guatemala, d’où ils sont originaires. Le Belize est un pays extraordinairement métissé : si la majorité des habitants sont Créoles, les Mayas, Garífunas et Ladinos sont nombreux et tous ont l’air de vivre en bonne intelligence. L’Anglais est la langue officielle, mais le Kriol, est la langue la plus répandue. Les Ladinos parlent aussi Espagnol, les Mayas parlent Q’eqchi’ (principalement) et les Garífunas parlent… Garífuna.

 

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Paysage bélizien

 

belize 5242 Dangriga

 

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belize 5259 La ville est aux mains des Chinois

 

Nous nous dirigeons sans tarder vers Dangriga, capitale des Garífunas du Belize, et probablement un des plus importants centres de la culture garífuna d’Amérique Centrale. Nous trouvons sans peine le ranch où se produit tous les soirs le groupe Amistad et retrouvons avec plaisir les musiciens et China. Nous commençons à connaitre certaines chansons par cœur (en phonétique, parce que nous n’avons pas eu le temps d’apprendre beaucoup de Garífuna. Enfin, un homme blanc qui parle trois mots de Garífuna, c’est suffisant pour en faire rigoler plus d’un, et c’est bien là le principal.) Le meilleur danseur du groupe Amistad est hélas resté au Honduras faute de passeport (voir la très courte vidéo), mais China et ses deux collègues se dépensent sans compter. L’une d’elle est la meilleure danseuse de punta qu’il nous ait été donné de voir (vidéo). Le samedi soir, nous la retrouvons au ranch de Dangriga, et elle vient danser avec moi… chaud ! Sinon, le ranch est moyen : les DJ parlent tout le temps et coupent les chansons (du bon dansehall) au bout de trente secondes. Ce qui sauve ma soirée, c’est de regarder les gens eux-mêmes. Ils pratiquent le daggering (danse très…. sexuelle) comme en Jamaïque. Ridicule ? A mon sens, oui. Dégradant ? Probablement. Vulgaire ? Totalement. Marrant à voir ? A coup sûr.

 

belize 5263 Le groupe de danseuses

 

belize 5267   La super danseuse en action

 

belize 5272   Les filles de Dangriga s'y mettent aussi


Lorsque le groupe repart pour le Honduras, nous décidons d’en faire autant, pour deux raisons. Premièrement, le carnaval de la Ceiba nous appelle. Deuxièmement, tout est plus cher au Belize. A part ça, je resterais bien un peu.

 

 

 


Avant de partir, nous allons quand même faire un tour sur un caye ("ki"). Au large du Belize se trouve la deuxième barrière de corail du monde, mais les plages continentales sont moyennes, comme partout au Honduras et au Nicaragua. Il faut aller sur les cayes, ces îlots de sable blanc dépassant de quelques centimètres au-dessus du niveau de la mer (gare à la montée des eaux), plantés de quelques palmiers et entourés de récifs gorgés de coraux et poissons. Ce n’est pas donné, mais c’est chouette.

 

belize 5275 Arrivée à Tobacco Caye

 

Le caye le plus proche de Dangriga est Tobacco Caye. Un type me propose de nous y conduire avec son petit skiff (lancha, panga,…). Je parle un peu avec lui en faisant l’effort de parler Kriol. Il me demande si je suis Bélizien. Je le regarde en rigolant… c’est une blague ? Pâle comme je suis et avec mon Kriol de vache espagnole, il me prend pour un Bélizien ? Je lui dis que non, mais que j’habite Bluefields, pensant qu’il connait. Je ne sais pas ce qu’il a compris, mais il est persuadé que j’habite au Belize, et il va nous faire payer le prix pour Béliziens : 25 BZ$ au lieu de 35 BZ$ par tête. Quand je reviens avec Dina, il a dans la tête que celle-ci est originaire de Cayo (Ouest du Belize, près du Guatemala). Dina ne comprend pas sa question et répond d’une façon hésitante que oui, pour lui faire plaisir. Arrivés à Tobacco Caye (où il y a des palmiers mais pas de tabac), le capitaine dit à la gérante d’un hôtel que Dina est de Cayo et qu’il faut lui faire payer le prix pour Béliziens. Trop tard pour dire que non, et puis ça nous arrange bien. Comme nous apportons notre nourriture, nous ne nous en tirons pas mal comparés aux autres gens que nous rencontrons sur place.

 

belize 5278 Tobacco Caye


Le soir, nous mangeons avec un touriste américain qui est prof d’université en Allemagne. Il aime poser plein de questions et apprend vite que Dina est Nicaraguayenne et que nous nous sommes connus à Bluefields. Arrive ensuite la gérante de l’hôtel, qui aime aussi poser plein de questions.

Que faisons-nous à Cayo ? Je travaille dans une ONG

Dans quelle partie de Cayo habitons-nous ? En ce moment nous n’habitons nulle part, nous sommes en voyage.

Mais avant, où habitions-nous ? Près du marché.

Etc, etc.

Et là, le touriste américain : "Mais vous parlez la même langue au Nicaragua et au Bélize ? " Il a rien capté le bougre. S’ensuit un dialogue assez gênant pour nous mais en fin de compte la gérante pense que Dina est originaire de Bluefields, que nous nous sommes connus là-bas, et que depuis deux ans nous vivons ensemble à Cayo. Grace à ce petit mensonge nous payons deux fois moins cher que le touriste américain. Le capitaine du bateau me confiera que c’est la norme au Belize : le touriste paye double.

 

Le caye est un chouette endroit pour se reposer, explorer le récif, qui n’a cependant rien de comparable avec ceux de Roatán ou Corn Islands, et danser un peu de punta le soir. Le groupe local n’a pas le talent du groupe Amistad, loin de là (selon Dina, "dem no can beat", et elle n’a pas complètement tort) mais ça défoule. En quittant le caye, nous apercevons des dauphins qui s’approchent amicalement du bateau, comme pour nous souhaiter bonne route.

 

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Publié dans Voyage

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